Euro 2024 : Quatre «Lions» dans les joutes allemandes

Ces derniers jours, l’on ne sait pas trop comment, un joueur français d’origine sénégalaise a fait les choux gras des réseaux sociaux. À la retraite depuis maintenant quelques années, Bacary Sagna, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a refait surface. Et c’est pour parler de son choix de porter le maillot de l’équipe de France, pays de sa naissance, au détriment de celui du Sénégal, la patrie de ses parents.

Comme dans un air de déjà entendu, le défenseur latéral droit sérine : «À l’époque, au centre de formation à Auxerre, j’ai voulu jouer pour le Sénégal, dans l’équipe des jeunes. Mon père a pris contact avec la Fédération. J’avais 17 ou 18 ans, je n’ai jamais eu de réponse, même pas un appel, rien.» Et l’ancien joueur d’Arsenal de poursuivre : «Après je me suis dit : ‘Quoi faire ?’ Je me suis développé et je suis devenu pro. À 21 ans, j’ai été appelé par les Espoirs de la France et par l’équipe A du Sénégal. Ensuite le choix logique était la France car il y avait plus de chances de se montrer».

«Plus de chances de se montrer». Voilà sans doute les termes-clés qui ont présidé au choix de la plupart (pour ne pas dire tous) des binationaux. Et certainement ce qui a motivé Ferland Mendy, Dan Ndoye, Amadou Onana et Leroy Sané à opter respectivement pour les sélections de la France, de la Suisse, de la Belgique et de l’Allemagne. Ils se disent que l’Euro qu’ils disputent actuellement offre plus de lumière que la CAN. Par conséquent, la fibre patriotique est reléguée au second plan.

Dan Ndoye, l’esthète helvète

Toujours est-il que de ce quatuor d’«ambassadeurs» du Pays de la Téranga dans ce banquet du ballon rond européen, un seul, Dan Ndoye, a eu des velléités de porter le maillot des Lions. Il y a deux ans, alors que le Mondial 2022 se profilait à l’horizon, celui qui était encore dans la sélection Espoirs suisse n’écartait la possibilité de porter le maillot «Je suis intéressé (par l’équipe du Sénégal), je suis Suisso-sénégalais. J’ai deux nationalités. Pour l’instant, je suis avec les jeunes de la Suisse mais je ne ferme aucunement la porte au Sénégal. Et pour moi, bien sûr, le Sénégal est une option», confiait-il dans un entretien exclusif avec RECORD ajoutant qu’il a eu «quelques discussions mais pas avec le sélectionneur Aliou Cissé» et avoir «entendu qu’il y a eu de l’intérêt pour (lui)». Pour conclure : «On verra d’ici là ce que cela va donner. Je suis dans mon coin et je travaille».

Aujourd’hui, Dan Ndoye porte le maillot helvète et dispute l’Euro. Et est sans doute l’un des «Sénégalais» les plus brillants de cette grand-messe du football européen en Allemagne. Le Français Ferland Mendy n’a toujours pas foulé les pelouses allemandes barré qu’il est, au poste de latéral gauche, par Théo Hernandez. Le Belge Amadou Onana, de père camerounais mais sénégalais de mère (et de culture puisqu’il a passé une partie de son enfance à Dakar et parle couramment wolof), et l’Allemand Leroy Sané sont deux joueurs qui comptent pour leurs sélections respectives mais qui sont loin de crever l’écran pour l’heure.

Hubert MBENGUE