Handball - Seydou Diouf sur la ministre des Sports : «J’ai deux niveaux d’appréhensions»

Comment avez-vous accueilli cette récente nomination pour Madame Khady Diène Gaye ?
Je voudrais féliciter madame la ministre des Sports Khady Diène Gaye. Comme beaucoup l’ont relevé, c’est une femme qui a blanchi sous le harnais au département des Sports ; c’est un département qu’elle connaît très bien pour y avoir servi pendant plusieurs années. Je pense aujourd’hui qu’elle a cet avantage et qu’elle pourra aussi s’adosser sur un programme qui a été proposé au peuple sénégalais qui l’a validé. Dans lequel programme du Président Bassirou Diomaye Faye, on n’a pu noter des ambitions assez fortes pour le secteur des sports. Qu’il s’agisse des questions de gouvernance avec la volonté de mettre en place le nouveau Code des sports à travers la Réforme de la Charte 84, la volonté d’assurer l’autofinancement des infrastructures sportives. Mais qu’il s’agisse aussi du développement du Sport scolaire et universitaire, on a vu la forte ambition qui a été affichée. Reste à savoir si le département de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur vont pouvoir contracter avec le ministère chargé des Sports pour aller vers la mise en œuvre effective de ces nouvelles orientations qui de prime abord me paraissent intéressantes.

Que dire des ambitions affichées par la nouvelle ministre des Sports ?
Sur le sport de haut niveau comme pour le sport pour tous, notamment dans le sport de proximité, il y a cette volonté d’aller vers une coopération plus forte avec les collectivités territoriales en matière de réalisations d’infrastructures de proximité. Là aussi, l’équation sera la capacité des collectivités locales à suivre la volonté exprimée par l’État notamment dans la réalisation des infrastructures de proximité qui forcément devront pousser ces collectivités locales à mettre la main à la poche pour réaliser ces investissements. Cela afin de ne pas tout laisser aux mains de l’État qui ne pourra pas le faire. Et enfin sur le sport de haut niveau, là je pense qu’elle sera attendue sur la concrétisation de cette volonté affichée et aller vers la création de pôles espoirs de pôles régionaux. Nous, au handball, nous l’avons un peu expérimenté sur le Centre national d’entraînement que nous avons mis en place, à Thiès et qui a été fermé au bout d’un cycle de 4 ans. Nous avons l’intime conviction que cette orientation est extrêmement pertinente pour aller vers l’avènement d’athlètes de haut niveau. Très tôt, on pourra identifier et prendre en charge. Pour le reste, au-delà du profil et du parcours de Madame le ministre, s’il y a des appréhensions à mon avis, cela se situe à deux niveaux.

Quels sont ces deux niveaux d’appréhensions auxquels vous faites allusion ?
Le premier niveau, c’est le spectre de l’intervention du département ministériel qui me paraît très large. Une option a été prise de rationaliser et de rassembler. Mais aujourd’hui quand l’on sait la place occupée par la jeunesse comme sur-priorité dans la politique gouvernementale, forcément la dimension sportive dans ce département ministériel, ne sera pas la dimension qui sera totalement mise en exergue. Quand bien même Madame la ministre sort de la famille. L’autre élément est qu’il faudra que les acteurs soient patients parce que de toute façon les priorités sur la jeunesse, les priorités sur le coût de la vie, les investissements qu’on doit réaliser dans le secteur de la Santé, feront que les moyens financiers ne seront pas là pour tout faire sur une séquence temporelle très courte. Ce sont les deux appréhensions que j’ai. Mais pour le reste, c’est en tout cas que Madame le ministre continue de travailler à la préservation de l’apaisement dans le secteur du sport.

Avez-vous d’autres recommandations à faire à la nouvelle ministre ?
Que ses relations avec le Comité olympique et les fédérations sportives, soient des relations de confiance et de respect mutuel et que nous puissions ensemble travailler à faire du sport sénégalais à ce qu’il a commencé à faire depuis quelques années. C’est-à-dire un sport performant et qui nous a valu de très grandes satisfactions au plan continental et mondial avec des athlètes dont la prise en charge s’améliorent au quotidien. Pour les engagements pris par les fédérations, qu’un arbitrage budgétaire se fasse très tôt avec le CNOSS et les différentes fédérations surtout pour la participation à des compétitions internationales. Il nous faut aussi aller vers la remise sur la table de ces contrats d’objectifs entre État et fédérations puisque les fédérations sont des délégataires de pouvoirs. Il faudrait que la politique définie par l’État puisse être prise en charge par ces fédérations et que des moyens subséquents puissent être mis en place afin de permettre aux fédérations de faire le travail attendu sous le contrôle de Madame le ministre et de ses services. Je pense que nous devons travailler très rapidement pour atteindre les objectifs qui nous sont assignés. Sinon pour le reste, prier pour elle et prier pour tout le Gouvernement puisque les Sénégalais se sont dotés d’un nouveau président de la République qu’il faut féliciter tout comme d’un Premier ministre qui a été nommé et qui a affiché une ambition. Nous sommes tous à l’unisson pour la réussite de leurs missions respectives. Chacun étant dans son rôle.

Par Souleymane SECK